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Colloque à Prato (Italie)


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Compte rendu rencontre Italienne Prato novembre 2024:


L’expérience que j’ai faite avec l’association Polisportiva Aurora en 2018 à Prato à l’occasion du XXIVème tournoi Aurora est assez similaire à celle de la Maison Bleue. S’entraider, créer du lien social, lutter contre les ruptures relationnelles, familliales, professionnelle, avec ces valeurs que nous défendons à la Maison Bleue : entraide, solidarité, bienveillance. Aider chacun à trouver sa place parmi les autres et à se remettre « en mouvement » dans son corps, son esprit et dans sa vie, voilà ce qui nous motive.

 La vie collective au couvent, les soirées organisées à la pizzeria associative m’ont enthousiasmée. Les rencontres avec les associations européennes ont été l’occasion d’échanges et de partage lors de moments conviviaux. J’ai été très intéressée par les expériences de soins psychiatrique dans la ville, au plus proche de la vie quotidienne des personnes. C’est formidable de pouvoir organiser des rencontres sportives où tout le monde joue ensemble : les soignants, les patients, mais aussi d’autres populations de personnes marginalisées ou exclues comme les déficients intellectuels ou les personnes délinquantes en réhabilitation. J’ai vu dans ces échanges une vraie politique d’inclusion mise en œuvre dans l’action collective !

 

I - La Réforme de 1978 sous l’impulsion de Basaglia, loi 180:


A permis de passer d'un modèle clinique basé sur le traitement de la maladie (notamment la diminution des symptômes cliniques) à une approche plus large qui privilégie les aspects du contexte social qu’il est possible de modifier pour favoriser l'appartenance, la sécurité et l'inclusion sociale.  


1) Élimination graduelle des hôpitaux psychiatriques publics (en bloquant toutes nouvelles admissions). Résultat : un système psychiatrique sans l'hôpital psychiatrique,. Les malades sont progressivemeent pris en charge par d’autres services de réhabilitation, ce qui permet leur réadaptation graduelle (au lieu d'une désinstitutionnalisation soudaine avec ses effets négatifs bien connus).


2) De nouveaux services communautaires responsables de dispenser des traitements psychiatriques sont crées. Ces services doivent être maintenus par le personnel existant, c'est-à-dire provenant de l'hôpital psychiatrique.


3) L'hospitalisation, si nécessaire, se fera dans des petites unités des hôpitaux généraux (pas plus de 15 lits) pour ainsi éviter une concentration excessive de patients.


4) Une évaluation obligatoire et le traitement en cure fermée s'effectueront dans les unités des hôpitaux généraux; les critères pour une admission sous contrainte sont :


a) une intervention d'urgence nécessaire;

b) un refus de traitement du patient ;

c) un traitement communautaire alternatif impossible;


La dangerosité n'est pas considérée, car contrairement aux règlements de 1904, la Loi 180 est une loi publique de la santé qui traite des soins et non de surveillance. Deux évaluations médicales indépendantes sont requises pour engager l'action de contrainte, qui doit être approuvée et exigée par les autorités locales de la santé (le maire, ou son représentant). Après qu'un patient a été retenu pendant sept jours, il faut une requête d'un psychiatre pour spécifier et justifier l'extension de cette période. Un juge doit être notifié et il doit ré-examiner le dossier au deuxième et au septième jour. Le patient ou toute autre personne peut en appeler de la décision devant les tribunaux. Certains droits des patients, comme le choix du médecin et de l'hôpital, doivent être respectés dans la mesure du possible, et le consentement du patient et sa collaboration doivent être constamment demandés.

 

II - Les départements de santé mentale:


Ils ont été créés au sein des unités sanitaires locales pour garantir la promotion et la coordination de la prévention, le traitement et la réadaptation en santé mentale, ainsi que la prestation de soins ambulatoires et hospitaliers. Services et installations qui comprenent différents professionnels de santé tels que des psychiatres, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux et enseignants. Les patients peuvent avoir un accès direct ou sur référence d'un médecin généraliste.

Les départements de santé mentale offrent quatre types de services :


  • des centres de santé mentale communaux couvrant toutes les activités liées à la psychiatrie des adultes pour les soins ambulatoires, en coordonnant les interventions dans différents établissements et milieux ;

 

  • des établissements semi-résidentiels pour les services de soins de jour (hôpitaux de jour et centres d'accueil à la journée) ;

 

  • des établissements résidentiels responsables de la réadaptation thérapeutique et sociale des patients :


  • maison sous haute protection avec présence infirmière, aide soignat, educateur, psychiatre. 24h/24

  • maison familiale de protection moyenne avec du personnel de 3h par jour le midi et le soir, Une directrice-psychologue gère plusieurs maisons, et une éducatrice s’occupe d’une maison. Les résidents sont placé sur décision du service de santé mentale, avec un projet personnel de réhabilitation psycho sociale et d’apprentissage de la vie autonome. C’est gratuit pour les résidents (conventions entre le département de santé mentale et les coopératives)


Le défi est de récupérer sa dignité : il restent  plusieurs mois, jusqu’à 3 ans si nécessaire.

Ils pratiquent l’open dialogue sous forme de réunion mensuelle avec le médecin de famille, la famille, les soignants, de personne à personne, pour parler des problèmes tous ensemble.


  • appartement protégé : colocation de 2 ou 3 personnes dans des appartements autonomes, avec un passage une fois par jour sauf le dimanche

  • des unités psychiatriques au sein des hôpitaux pour les admissions en urgence, et fournissant des soins à court et à moyen terme en étroite collaboration avec les centres de santé mentale communaux (continuité des soins). Service psychiatrique de Diagnostique et de soin : 12 lits pour 250 000 habitants

  • Placement d’office décidé par le juge poules cas graves mais pas dangereux

  • Soins sans consentement des personnes détenues nécessitant des soins (REM hopital judiciaire psychiatrique)

 

 

 

III - La Coopérative 7+3 : (entreprise sociale)


Embauche 20 personnes : 70 % de personnes avec un handicap mental, psychique ou en réinsertion après incarcération, 30% de personnes valides. Un éducateur passe 1 fois par semaine à la coop.

Le Temps de travail est d’environ 30h/semaine (8h-14h ou 9h-15h)

La structure est uniquement financée par les vente issues de la production de boucles de ceintures. Il y a aussi une plateforme de revente de textile.

C’est rare pour des personnes handicapées de pouvoir travailler. La plupars sont pris en charges par des services educatifs et vont dans des assos culturelles/sportives.

 

IV - La Polisportiva Aurora


est une association qui propose des activités sportives (rugby, foot, biodanza, treck…) ouvert à tous les citoyen. C’est une asso de 180 personnes dont 90 ont des problèmes de santé mentale. Il y a un salarié au bureau et des entraineurs sportifs, le reste sont bénévoles. Elle fonctionne avec des subventions obtenues sur des appels à projets.

La Polisportiva témoigne de la capacité à créer de nouvelles expériences de liberté et d’autonomie, de créativité et de communauté en s’appuyant sur les valeurs de l’antipsychiatrie et les expériences de psychothérapie institutionnelle.

Tentative de retrouver ses désirs, empowerment, projets art, travail, en passant en premier lieu par le sport ; qui permet de lutter contre la stigmatisation : le patient devient une personne, et les soignants s’adressent aux parties saines. Le groupe permet de donner un sentiment d’appartenance, et de dépasser les obstacles internes.

« La Folie est une condition humaine ». Elle est présente en nous comme la raison. Il appartient à la société de lui donner une place sans tout psychiatriser ni médicaliser.

Expériences diverses de la Polysportiva:


  • Pélérinages, randonnées,

  • voyages en Inde pour aider les plus nécessiteux. Nettoyage, aide aux travaux de refection d’une école et d’un hôpital, aide apportée aux sœurs de  l’hopital, santé mentale communautaire, pallastrada (tournois de foot et jeux collectifs de rue)

  • L.A.P.I.S (Laboratoire Expérimental de Peinture) : Laboratoire de Pintura Spérimental : peinture avec du matériel « pauvre » bois carton plexiglass, avec comme objectif la collaboration de chacun sur une œuvre

 

V - Experience en Espagne : FAISEM


Fondation Andalouse de Santé Mentale. Le psychiatre se sont formé à Trieste et ont copié la réforme de Basaglia Le sport amateur est une très belle façon de faire bouger les représentations : santé physique et mentale. Discours politique des conseillers régionaux pour l’inclusion et la cohabitation entre différentes réalités. Faire attention aux plus fragiles et politique d’inclusion pour éviter de creuser les inégalités.

Les soignants jouent au foot d’egal à egal avec les patients : on est tous des joueurs, des citoyens.  La vie sociale permet l’organisation communautaire. Les patients sont appelés « personnes ayant une expérience en santé mentale »

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